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FranceSoir, La mortalité hivernale, la plus grande prison intellectuelle, l’histoire de la crise Covid-19, L’histoire médiatisée, Les statistiques, Pierre Lecot, Virus mortel ou mauvaises décisions ?
Source: FranceSoir

Auteur(s): Pierre Lecot, pour FranceSoir
TRIBUNE — Troisième et dernière partie du dossier de Pierre Lecot, intitulé “Covid-19 : Virus mortel ou mauvaises décisions ?” Retrouvez la deuxième ici.
Comme pour les deux parties d’avant, nous vous proposons une vidéo “débriefing” dans laquelle Pierre nous explique de vive voix son raisonnement, suivie d’un texte explicatif complet.
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Les statistiques peuvent être nos meilleures alliées pour comprendre le monde qui nous entoure, comme la plus grande prison intellectuelle au service d’un discours unique. Il s’agit ici de reprendre le cours des évènements depuis 2 ans, en confrontant l’histoire racontée médiatiquement prenant appui sur des statistiques bien choisies, à celle que nous pouvons dégager aujourd’hui à l’aide de l’ensemble de ces dernières.
1. Que s’est-il passé en mars-avril 2020 (ou 1ere vague) ?
1.1. L’histoire médiatisée
Le premier cas français est officiellement diagnostiqué le 24 janvier 2020. Le coronavirus devient alors le sujet occupant la quasi-totalité de l’espace médiatique. Cette domination totale a fait l’objet d’études de l’INA. Il a accaparé jusqu’à 80% du temps audiovisuel, des médias d’information continue ou des dépêches de l’AFP (Figure 23).
Figure 23 : Part consacrée à l’épidémie de coronavirus par l’audiovisuel français
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Cette domination répond toutefois à une réelle demande d’information des Français comme en témoigne les statistiques de recherche internet par thème sur Google Trends (Figure 24). La peur est au cœur de l’espace médiatique, par sa capacité à intéresser les humains. Elle est utile et utilisée en ce sens. Les accidents, attentats, catastrophes, dangers futurs sont au cœur de l’information et suscitent l’intérêt du spectateur. C’est également un levier politique puissant, permettant de justifier des mesures d’exception comme en témoignent les nombreuses annonces et mesures « exceptionnelles » suivant les attentats par exemple.
Figure 24 : Part des recherches internet par thème
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En mars 2020, il est donc impossible d’échapper aux informations sur l’évolution de la situation liée au coronavirus. Les esprits sont par ailleurs préparés au scénario qui se déroule sous leurs yeux. Les romans, films, séries télévisées, plus ou moins ancrés dans le réel traitant d’un virus mortel qui se répand par contamination (Je suis une Légende, The Walking Dead, 28 jours plus tard, le Fléau, Pandémie…) ont amené cette « culture » de la contamination mondiale. Le jeu de société à succès Pandémie apprend aux joueurs la mécanique de la contagion qui doit être contenue et que la seule façon de gagner contre les virus est la découverte des remèdes spécifiques. Le jeu en ligne The Plague propose la thématique inverse en apprenant au joueur à manier les « gains de fonctions » des virus pour infecter et éliminer l’ensemble des humains. Les jeux sont des réels outils pédagogiques et permettent d’enseigner des concepts et stratégies. Le jeu Monopoly a initialement été créé dans le but de faire comprendre la prédominance du capital dans la quête de richesse, loin devant le labeur.
En mars 2020, les Français, comme les autres, reçoivent les informations venant de l’épidémie et anticipent la suite de l’histoire en fonction de la culture qu’ils ont accumulée sur ce sujet via tous ces médias. Les annonces de la croissance du nombre de contaminés, de la saturation hospitalière, de l’augmentation décès sont anxiogènes, mais attendues par ceux préparés à ce scénario. Pour certains c’est une mauvaise surprise, pour d’autres c’est la réalisation de la catastrophe prévisible. Pour la télévision et les journaux, c’est le retour d’une audience que l’on croyait définitivement perdue.
Les médias annoncent l’arrivée de l’épidémie par le Haut-Rhin à cause d’un rassemblement évangélique de plusieurs milliers de personnes dont quelques malades préalables ont contaminé des milliers de personnes. Ce département est le premier à mettre en place des mesures de restriction de rassemblement. D’autres cas sont découverts par la suite en France. Durant cette période, la tension monte dans la société et les entreprises. Les syndicats réclament des mesures sanitaires de protection pour les travailleurs. Ces derniers, délaissés par les travailleurs retrouvent un élan en se posant en rempart protecteur des salariés. À cette époque, du côté du patronat ou juste de la hiérarchie (dans le public comme dans le privé), on sent plutôt l’agacement et l’incrédulité. Le 8 mars, la barre des 1 000 cas confirmés est franchie. Le 11 mars, l’OMS déclare l’état de pandémie. Le 12 mars les crèches, écoles, collèges et universités sont fermés. Le 14 mars tous les lieux publics « non indispensables » sont fermés. Le 16 mars Emmanuel Macron prononce son allocution comportant plusieurs fois la phrase « nous sommes en guerre » annonçant le confinement pour le lendemain. Il s’agit pour le pouvoir de stopper la trajectoire exponentielle de l’épidémie.
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